mercredi 18 mars 2009

La gestion des risques liés au protocole de Kyoto dans les entreprises canadiennes

Depuis les scandales financiers du début des années 2000, plus d’importance a été accordée à la gestion des risques pour améliorer le contrôle interne des organisations avec l’adoption de la loi Sarbanes-Oxley (SOX). En effet, de nombreux événements, provenant de l’interne ou de l’externe, surviennent dans les entreprises et ceux-ci peuvent avoir un impact positif, négatif ou les deux. Si l’impact est négatif, il s’agit d’un risque pour l’entreprise et il peut nuire à l’atteinte de ses objectifs. Par contre, un impact positif peut constituer une opportunité. Ainsi, les risques peuvent permettre à l’entreprise de saisir des opportunités qui leur permettront de créer des avantages concurrentiels et de satisfaire davantage la clientèle si les gestionnaires ont la capacité de gérer ces risques dans les limites de leur appétence pour le risque. Une gestion du risque efficace permet l’atteinte des objectifs organisationnels et la réalisation de la stratégie. SOX impose des règles sur la comptabilité et la transparence financière afin de contrôler les risques comptables de toutes entreprises cotées aux bourses américaines. Toutefois, il existe d’autres risques au sein des organisations tels les risques environnementaux.
Selon Epstein (Making Sustainability Work, 2008), les risques environnementaux sont opérationnels et font références à des processus d'affaires inefficaces ou inefficients pour acquérir, financer, transformer et commercialiser des biens et services et des menaces de perte d’actifs et de réputation pour les entreprises. Ces risques environnementaux sont nombreux et peuvent être de diverses natures. Par exemple, une non-conformité importante au protocole de Kyoto peut entraîner des amendes, pénalités, poursuites, sanctions sur les marchés financiers et impacts financiers néfastes sur la continuité des affaires, et la réputation et image de l’entreprise peuvent en être profondément affectées.
Une gestion des risques environnementaux permet une meilleure allocation des ressources et une amélioration des décisions sur les processus, les produits et l'investissement en capital afin de satisfaire les parties prenantes et améliorer la rentabilité à long terme de l’entreprise.
Dans les entreprises, plusieurs risques peuvent être évités ou leurs impacts réduits par la prévention et des systèmes de contrôle efficaces. Quelques outils ont été adaptés afin de quantifier et de gérer leurs risques environnementaux. Les plus connus sont le tableau de bord équilibré (BSC) et l’analyse multicritères. Le BSC traditionnel met l’accent sur les objectifs stratégiques de l’entreprise et mesure leur atteinte, mais plusieurs chercheurs tentent d’étendre son utilisation à l’ERM. Selon Olson et Wu (Enterprise Risk Management, 2008), le BSC en gestion des risques (ERM BSC) permet de coordonner l’attention dans les organisations sur les aspects des opérations que les gestionnaires ont identifiés comme critique à la performance organisationnelle. Techniquement, le BSC garde les quatre mêmes perspectives, mais dans les objectifs, les gestionnaires doivent intégrer la gestion des risques (exemple : dans la perspective satisfaction du client, un objectif pourrait être de réduire la perte de clientèle et la mesure serait le nombre de clients conservés). Toutefois, Nagumo et Donlon (Integrating the Balanced Scorecard and COSO ERM Frameworks, 2006) mentionnent quelques contraintes à cet outil pour gérer les risques; il est difficile d’intégrer dans le BSC des événements qui arrivent très rarement puisque celui-ci aborde la gestion stratégique sur des cycles de trois à cinq ans. Également, la nature du risque est telle que l'un des facteurs de risque peut déclencher de nombreux autres événements, et, à son tour, peut devenir un facteur déterminant pour un nouveau risque. De plus, les liens de ces risques ne se limitent pas aux liens verticaux des quatre perspectives du BSC, et n’est pas limité à un seul thème stratégique. Ainsi, selon eux, le BSC deviendrait trop complexe avec cette surcharge d’information, mais il est nécessaire de trouver un moyen d’intégrer ERM dans le BSC. Un autre modèle utilisé pour gérer les risques environnementaux est l’analyse multicritères. Cette méthode n’est pas parfaite, mais offre un moyen de démontrer aux décideurs l'importance relative positive et négative des alternatives et donne un moyen de quantifier les préférences des décideurs. Elle tient compte de plusieurs critères qualitatifs et quantitatifs pour choisir une option, tels que le service à la clientèle, la fiabilité, l’intégration, le coût, la sécurité et le degré de service.
Ainsi, de nouveaux risques peuvent surgir au fil du temps, telles une prise de conscience environnementale par la société et l’entrée en vigueur de nouvelles régulations comme le Protocole de Kyoto, et c’est pourquoi les entreprises doivent exercer une bonne gestion des risques environnementaux pour leur faire face.

4 commentaires:

  1. Une prise en compte de l’environnement dans le processus de gestion des risques est intéressante, elle intègre cette dimension au cœur des préoccupations du gestionnaire. Encore une fois, le risque environnemental est un concept auquel il est difficile d’attribuer une valeur. D’autant plus lorsque le risque concerne un horizon à long terme : c’est le cas du réchauffement climatique, comme vous l’avez justement souligné.

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  2. Bonjour,
    Vous avez tout à fait raison, il est difficile d’attribuer une valeur aux risques environnementaux et les outils actuels ne sont pas adaptés pour tenir compte de la complexité des risques environnementaux et de leurs impacts à long terme. C’est pourquoi la gestion des risques environnementaux n’est pas encore une pratique courante en entreprise. De plus, les outils actuels en gestion des risques environnementaux sont complexes et difficiles à appliquer. Donc, sur papier, la gestion des risques environnementaux est une pratique très importante qui amène une valeur supplémentaire à l’entreprise, mais, en pratique, elle nécessite davantage de recherches et des adaptations.

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  3. Bloc 2( Suite ) : Sébastien Gagné

    Afin de rapprocher notre blogue sportif de vôtre, je dirais que le protocole de Kyoto est pour les entreprises manufacturières, ce que sont les contrats pour les joueurs de hockey. Le document de Kyoto renferme des exigences à atteindre, des normes et règles à suivre. En signant son contrat, le joueur a également des règlements, des clauses de performance et des pénalités.

    Donc, cela paraît un peu comique, mais si on y réfléchi bien, le parallèle est intéressant.

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  4. bloc 5: Laurène Duplouy

    Depuis 2001, la position des Etats-Unis envers le protocole de Kyoto reste inchangée. Bien qu’ils aient signé le protocole, la ratification n’est toujours pas d’actualité. Ils privilégient des initiatives volontaires et des solutions technologiques et exigent des engagements fermes des pays en développement, sans lesquels ils ne s’engageraient pas dans la diminution des gaz à effet de serre comme ce qui est voulu par le protocole. Sachant que les Etats-Unis font partie des pays qui rejettent le plus de GES. Mais au vu du contexte politique qui a changé récemment, lié à l’arrivée de Barack Obama à la maison blanche, il se pourrait très fortement que les choses évoluent dans les années à venir. A suivre…
    Par ailleurs, les rejets de gaz à effet de serre ne cesse de croître dans certains secteurs, tels que le trafic aérien par exemple. (cf : blog Green flight). Il devient donc urgent de les réduire d’une manière générale pour créer une harmonie entre tous les secteurs (en effet, certains font des efforts grandissants pour parvenir à limiter ces émissions). Des programmes d’envergure internationale sont également mis en œuvre car les entreprise sont dans la quasi-obligation de se préoccuper de leur impact sur l’environnement et de devenir plus « verte ».
    Les entreprises vont donc se développer de plus en plus dans une logique de préoccupation sociétale en s’axant sur le principe de développement durable. Il va de soi que cela va engendrer également des efforts pour intégrer la gestion des ressources naturelles dans leurs outils de gestion. Il s’agit d’un élément qui se développe petit à petit et qui pose déjà quelques difficulté puisque les entreprises ont déjà du mal à définir la notion de coûts environnementaux. Je pense que dans les années à venir, nous verrons l’émergence de nouveaux outils de gestion ou certainement des adaptations importantes de outils de gestion actuels. Nous vivons dans tous les cas dans un environnement en perpétuelle évolution où beaucoup de facteurs s’entrecroisent pour demander des adaptations permanentes. La préoccupation majeure reste de se soucier de l’avenir de nos ressources naturelles et de les pérenniser pour nos successeurs. L’union fait la force et il serait tant que cela commence à être compris. L’espoir fait vivre…

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