mercredi 18 février 2009

POURQUOI les entreprises canadiennes devraient-elles, volontairement ou non, adopter des pratiques respectueuses de l’environnement?




Le 14 février 2007, la Chambre des communes du Canada a adopté le projet de loi C-288
« visant à assurer le respect des engagements du Canada en matière de changements climatiques en vertu du Protocole de Kyoto »
puisque si aucune mesure n’est prise rapidement, le Canada ne pourra pas atteindre son objectif de réduction d’émissions de GES car ceux-ci ont beaucoup augmenté depuis 1990 (environ 20 %). En réponse à ce projet de loi, le ministre de l’Environnement, John Baird, a produit, en avril 2007, le rapport « Coût du projet de loi C-288 pour les familles et les entreprises canadiennes » dans lequel il prétend que l’adoption du projet de loi C-288 entraînerait des répercussions néfastes et catastrophiques pour l’économie canadienne. Il mentionne que
« de nombreuses entreprises n’auront pas d’autre choix que de réduire la production et de licencier des employés, ce qui mènerait à une récession majeure et à un taux de chômage accru »
Selon les recherches que nous avons effectuées, l’adoption de pratiques permettant de réduire les GES par les entreprises n’a pas que des coûts économiques importants, mais peut aussi entraîner de nombreux avantages.

Tout d’abord, la responsabilité sociale de l’entreprise a un impact très important sur sa performance. En effet, la pression exercée par les parties prenantes sur les entreprises est importante, car les intervenants internes et externes sont de plus en plus conscientisés par les problèmes environnementaux et, particulièrement, par les impacts environnementaux provenant des activités de l’entreprise. Également, la diminution des barrières commerciales et la mondialisation ont augmenté la compétition entre les entreprises. Le fait que la clientèle ait davantage de choix résulte à plus de pression envers les entreprises pour produire et fournir des biens et services de façon plus efficiente pour satisfaire les parties prenantes et maintenir leur position concurrentielle. Aujourd’hui, les entreprises publiques doivent divulguer de l’information concernant l’impact environnemental de leurs activités dans leurs états financiers. Il est donc important pour les entreprises de modifier leur comportement face à l’environnement pour ne pas nuire à leur réputation et image puisque les scandales environnementaux restent gravés dans la mémoire des parties prenantes et que ces coûts environnementaux risquent d’avoir un impact négatif sur la performance économique de ces entreprises.

De plus, le plan de mise en œuvre du protocole de Kyoto (Prendre le virage), une réglementation concernant la pollution faite par les entreprises, présenté le 26 avril 2007 par le gouvernement fédéral canadien inclut des mesures réglementaires et fiscales pour encourager le développement des énergies renouvelables. Depuis 2006, le gouvernement exige que
« les installations industrielles visées par les réglementations déclarent leurs émissions »
Également, il veut faire signer des contrats aux entreprises pour qu’elles s’engagent à atteindre les objectifs qui leur auront été assignés et, en cas de défaillance, elles devront s’acquitter des pénalités prévues ou acheter des crédits de carbone pour compenser le surplus d’émission. Ainsi, ces changements gouvernementaux ont augmenté les coûts de non-conformité des entreprises tels que les amendes, pénalités, frais de nettoyage et crédits de carbone. Également, les entreprises qui adoptent des pratiques environnementales peuvent bénéficier d’avantages telles des subventions du gouvernement.

Instaurer des pratiques environnementales au sein de l’entreprise ne permet pas seulement d’éviter des coûts, mais peut aussi permettre d’obtenir des avantages économiques. En effet, plusieurs recherches ont révélé un lien entre la performance environnementale et la performance économique de l’entreprise. Par exemple, dans l'article "Eco-Control: the influence of management control systems on environmental and organizational performance", Henri et Journeault ont expérimenté la relation entre la performance environnementale et la performance économique et ont découvert que les systèmes d’éco-contrôle influencent positivement la performance environnementale laquelle à son tour influence positivement la performance économique de l’entreprise. Selon Schaltegger et Burrit, dans le livre "Contemporary Environmental Accounting", la performance économique et la performance environnementale sont indissociables. Par exemple, ils présentent la matrice de l’éco-efficience (voir image plus haut). Celle-ci permet de quantifier les impacts environnementaux ajoutés aux activités de l’entreprise et de les comparer à sa performance économique. La position optimale est celle de « Green star » qui associe un impact économique élevé et un faible endommagement de l’environnement. La position de « Dirty cash-cow », quant à elle, associe une forte performance économique et une faible performance environnementale. Cependant, selon les auteurs, cette position est vraiment risquée à long terme, car il y a de fortes chances que l’entreprise perdre sa réputation et qu’elle soit responsable d’une potentielle catastrophe écologique qui pourrait se transformer en coûts importants. Ils montrent également comment les résultats provenant de l’éco-contrôle peuvent être utilisés pour améliorer la prise de décision stratégique et la responsabilisation, ce qui va améliorer la compétitivité de l’entreprise et ainsi sa performance économique.

Finalement, que ce soit volontaire ou non, l’adoption proactive de pratiques respectueuses de l’environnement permet aux entreprises de se protéger des coûts environnementaux et cela peut mener à des économies de coûts. Il est donc dans l’intérêt des gestionnaires de tenir compte de l’environnement dans la gestion de leur entreprise afin de retirer des avantages tels que le profit, l’image, l’évitement de coûts…

2 commentaires:

  1. Bloc 1 : Véronique Rainville

    Cette partie me semble bien intéressante, cependant le point qui m'agace le plus touche sur la partie volontaire des entreprises. Selon moi, il peut être difficile pour un gestionnaire d'accorder une réduction de son bénéfice au profit de l'environnement. Tel que discuté à plusieurs reprises, un investissement dans le développement durable peut bel et bien rapporter (que se soit sur l'image de marque, la clientèle et le chiffre d'affaires) mais est-ce que les gestionnaires sont conscients de cet enjeu.

    Pour ce qui est de la base non-volontaire, je trouve déplorable que des lois ou des règles soient émises afin de contrer un phénomène mondial. Cela- dit, le protocole de kyoto, dont il a été question dans ce blog, est une initiative intéressante afin de conscientiser les gestionnaires d'aujourd'hui et de mettre sur pied un plan pour sauver notre planète.

    Afin de conclure ma réflexion sur le sujet, j'aimerais savoir de quelle façon on enseigne et on démontre les biens fait de la responsabilité sociale aux décideurs pour que la base volontaire soit mise de l'avant dans plusieurs autres entreprises.

    Vous mentionnez le cas de Cascades qui est une entreprise qui, sur une base volontaire, opte pour la comptabilité environnementale. De plus, vous démontrez bien en quoi cela peut être rentable et ce cas devrait inspirez d'autres entreprises.

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  2. EXAMEN BLOC 2: Julien Demers

    Cette billet m'interpelle particulièrement puisqu'on y traite de responsabilité sociale et du lien entre la performance économique et environnementale.

    Dans le monde du sport, très souvent, la performance des athlètes représentent la performance économique. Un mauvais joueur de hockey n'apportera pas grand chose à l'entreprise. De même, mon collègue a discuté de l'évaluation des différentes équipes de la Ligue Nationale de Hockey (LNH) qui était basée uniquement sur des facteurs «économiques» et «de performance».

    Je constate qu'en matière d'environnement, les équipes professionnelles de sports devraient elles aussi adopter certains principes du Protocole de Kyoto et inclure les coûts environnementaux dans ses états financiers.

    «Hein???»

    Effectivement, n'oublions pas que la Sainte-Flanelle aussi pollue. Pensons aux nombreux voyages en avion pour aller jouer à l'extérieur de Montréal. Il y a un coût pour l'environnement. D'ailleurs, je vous invite à consulter le blog de Green Flight qui traite justement de l'industrie aérienne. Mais revenons à nos moutons! Juste en matière de transport, les Canadiens de Montréal ont une part de responsabilités à assumer. Comment trouver une façon d'inclure ces coûts environnementaux dans les états financiers?

    Évidemment, l'envers de la médaille est que si on oblige les équipes professionnelles de sports, il faudra en faire de même pour la construction des immobilisations olympiques, pour les chauffeurs de taxi, les sociétés de transport en communs, etc. C'est donc une piste à explorer!

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